La rechute en psychothérapie... au secours !

La peur de la rechute

Pour les personnes qui ont déjà tenté de nombreuses choses et qui font une psychothérapie, l'idée de la rechute signifie un échec de plus. Que cet échec vienne d'eux-même ou de la thérapie ne fait pas grande différence.

- Dans le premier cas, ils se voient incurables "je n'y arriverai jamais !"
- Dans le second, ils voient le thérapeute comme un incompétent de plus "lui non plus ne comprend rien à mon problème !"

S'il se peut que l'une ou l'autre de ces affirmations soit avérée, la plupart du temps ça n'est pas le cas et la seule chose qui rendra la thérapie inopérante est la croyance dans l'une ou l'autre des deux idées exprimées ci-dessus. Ça, et le potentiel abandon de thérapie qui l'accompagne.

Mais alors, qu'est-ce que la rechute en thérapie et comment ça marche ?

 

La courbe de progression, en thérapie brève

1 - La rechute : une étape obligatoire
Ou quasi obligatoire : 70% des patients passent par cette étape. La courbe de progression en thérapie, comme dans tout nouvel apprentissage et comme dans toute pratique en général, ne se représente pas en une seule ligne droite ascendante. En vérité, elle ressemble davantage à une courbe boursière : il y a des hauts et des bas au fur et à mesure que vous progressez.
Si vous tracez une droite qui va du début de la courbe ( représentant le début de la thérapie) au bout de cette courbe de progression (représentant la fin de thérapie ou le problème résolu/devenu vivable), alors cette droite qui équivaut à une moyenne sera effectivement montante du début à la fin.

2 - L'échec : la meilleure école du monde
Vous aviez commencé à faire des progrès, et tout à coup vous voilà retombé dans vos vieux travers ? Formidable !
La rechute n'est alors rien d'autre qu'une formidable occasion d'analyser ce qui a changé entre le moment où vous progressiez et le moment ou vous avez rechuté.
Grâce à elle vous avez une information supplémentaire sur ce qui peut freiner votre progression, et donc ce qu'il va vous falloir garder à l’œil et apprendre à gérer pour mieux appréhender les difficultés qui seront sur votre route vers la résolution du problème que vous aviez apporté.

3 - La rechute est normale et inévitable
Même une fois votre problème résolu, il se peut que vous retombiez une fois de temps en temps dans d'anciens comportements, d'anciennes pensées, d'anciennes habitudes qui vous posaient problème. Cette possibilité n'est jamais tout à fait écartée.
En revanche, vous avez désormais la capacité de gérer la rechute et savez comment vous sortir de cette situation beaucoup plus facilement qu'avant. Alors soyez indulgent envers vous-même et relevez-vous tranquillement : tout va bien, vous êtes humain. Simplement et parfaitement humain.

 

Que faire face à la rechute en thérapie ?

1 - En parler avec votre thérapeute
Si vous êtes comme moi lors de ma première thérapie, vous aimeriez et peut-être même attendez possiblement que votre psy lise dans vos pensées vos doutes et vos défaites, pendant que vous lui assurez que tout va bien et que vous vous en sortez à peu près. En vérité et que ce soit dit : votre psy, si doué soit-il, n'a pas le don de lire les pensées. Il fera au mieux quelques déductions habiles et tombera juste, rien de plus.
C'est pourquoi la première chose à faire quand ça ne va pas et si vous "rechutez", c'est d'en parler à votre thérapeute et de lui confier également vos impressions, vos peurs et vos théories concernant cette rechute. De cette façon vous vous donnez à tous les deux les outils minimum nécessaires pour vous aider à redresser la barre et à garder le cap.

2 - La décortiquer pour mieux l'appréhender et préparer la prochaine rechute
Comme nous l'avons vu un peu plus haut dans cet article, la rechute, loin d'être une sentence de mise à mort, est un passage quasi obligé. Vous sortiez d'un problème dans lequel vous étiez tombé de façon naturelle car liée à votre manière de réagir à certaines difficultés ou traumatismes rencontrés au cours de votre vie, le vieil adage ne l'est pas pour rien : chassez le naturel, il reviendra au galop.
Il est normal de rechuter, l'important est d'apprendre comment vous relever, et d'appliquer la méthode jusqu'à ce qu'il devienne naturel pour vous de vous relever quand vous trébuchez, voire d'anticiper juste ce qu'il faut pour garder l'équilibre en cas de force majeure (c'est comme ça qu'on apprend à marcher).
Votre thérapeute pourra également vous aider à faire ce travail : Dans quel contexte avez-vous rechuté ? Quelle a été votre réaction ? Quels sont les outils dont vous disposez face à ce genre de situation ?

3 - En tirer les leçons qu'elle apporte
Souvent la rechute est une formidable occasion de mettre l'accent sur certains outils vus lors de séances précédentes en psychothérapie et que l'on a oubliés partiellement ou laissés de côté car ils ne nous servaient plus (peut-être par manque d'opportunités de rechuter). Si c'est autre chose, vous et votre thérapeute aurez alors la possibilité de le découvrir et d'adapter un nouvel outil que vous pourrez mettre à l'épreuve puis ajouter à la liste de vos ressources.

4 - Vous montrer indulgent envers vous-même !
C'est trop souvent un supplément aux problèmes apportés en thérapie : nous attendons des résultats rapides, nous étonnons de ne pas réussir à aller mieux tout de suite, et nous nous flagellons à la moindre chute, remettant en cause toute l'idée d'une thérapie par la même occasion.
Se montrer indulgent envers soi-même, c'est aussi savoir s'autoriser à n'aller pas bien tout le temps, et c'est aussi accepter l'idée de se tromper et de rechuter de temps en temps. C'est également savoir se dire "Ok, j'ai rechuté. Donc je mets en pratique ce que j'ai appris jusqu'ici et je vais me relever. Et si j'ai du mal, c'est ok aussi : j'en parlerai avec mon psy."

La psychothérapie est à prendre comme un apprentissage de nouveaux comportements plus fonctionnels, de ce fait elle suit les codes de n'importe quel apprentissage et la patience est de mise même envers vous-même.